Confiserie, paradis

Chocogrenouilles ou Patacitrouilles?

* Le jeune vendeur en stage de Honeyduckes regarda son curieux client avec un air bizarre. Jeune, blond, des yeux bleus un peu éteints, cela faisait deux heures qu'il hésitait entre deux sucreries.

Lucyan tenait un paquet de patacitrouilles dans une main et un sachet de chocogrenouilles dans l'autre. Habillé d'un jean délavé et d'une chemise blanche, il faisait presque tâche dans la boutique rempli d'élèves de Poudlard chaudement emmitouflés dans leurs capes. Il pleuvait dru dehors et la pluie était glaçante. Mais Lucyan n'avait pas réfléchi.

Le Miam Stram Gram était fermé pour cause de maladie. Esmera avait attrapé une mauvaise grippe et après maintes disputes, avait fermé le restaurant pour la journée afin de se reposer. Mais elle avait catégoriquement refusée de ne pas prendre Lucyan chez elle alors que c'était convenu. Aussi avait-il profité du fait que sa soeur s'était endormie sur le canapé pour aller lui acheter des sucreries chez Honeyduckes.

Il était seul au départ dans le magasin mais avec le temps où il avait hésité, des élèves de Poudlard étaient arrivés et il se sentait mal à l'aise. *

Chocogrenouilles ou Patacitrouilles?

* Répéta le vendeur.

Lucyan resta aussi muet qu'une tombe et le vendeur se lassa bien vite pour aller servir de la guimauve à des jeunes filles de Poudlard qui minaudaient en regardant Lucyan. Celui-ci continua à regarder alternativement les deux paquets de bonbons. *

*Albus profitait de cette après-midi à Pré-au-Lard pour faire le plein de sucreries. Il avait d'abord voulut aller au Miam Stram Gram pour au final trouver la pancarte "Fermé pour maladie". Il espérait qu'Esmera ne soit pas trop malade, mais se doutait qu'elle ne devait pas fermer le magasin pour un p'tit rhume. Il s'était donc rabattu sur Honeyduckes pour les friandises.

Le magasin n'était pas vide puisque d'autres élèves s'y trouvaient déjà ainsi qu'un homme étrange. Par ce temps il se baladait sans manteau et il ne bougeait pas malgré les questions du vendeur. Il se s'approcha du bocal aux chocogrenouilles, et de profil il reconnut l'un des frères Matthews. Son père lui avait parlé un jour de la tragédie qui s'était produite durant la guerre. L'un des frère -et ce devait être lui- avait perdu l'esprit. Même si il ne bougeait pas, Albus voyait à ses yeux qui faisaient l'aller-retour entre les deux friandises qu'il était presque... paniqué. Le mot était peu être un peu fort mais en tout cas le Serdaigle voulut l'aider.

Il approcha encore d'un pas avec un sourire léger et s'adressa à l'homme doucement, il ne savait pas trop comment réagir.*

- Les Chocogrenouilles c'est doux et sucré et les Patacitrouilles c'est acidulé. Vous êtes plutôt sucré ou acidulé ?

*Il ne savait pas si sa remarque allait aider à quoique ce soit mais au moins il aurait essayer.

HJ: Donne des cours à ton père de diplomatie ^^

* Lucyan regarda encore une fois le paquet de chocogrenouilles avec son regard vide. Il n'aimait pas qu'il y est trop de monde mais ne voulait pas abandonner son projet d'offrir quelque chose à sa benjamine.

Heureusement qu'il avait laissé sa baguette chez Esmera car s'il l'avait eu, il aurait lancé un sort immédiat à une jeune fille aux nattes torsadées de rubans qui l'avait bousculé. Il se recula dans un coin de la boutique sans lâcher ses friandises, toujours indécis.

Une voix douce de jeune garçon s'éleva vers lui et il faillit trébucher. Le jeune homme portait une robe de Poudlard où était épinglé l'insigne de Serdaigle. Ses cheveux noirs en bataille et ses yeux verts firent pâlir Lucyan. *

Harry.

* Dit-il à voix basse, un peu rocailleuse. C'était Harry Potter adolescent qui se tenait devant lui. Lucyan sentait les idées se bousculer dans sa tête. *

*Au regard qu'eut le frère d'Esmera en le voyant, Albus comprit qu'il y avait quelque chose. Son visage affichait un air perturbé, comme si il venait de voir un fantôme ou quelque chose auquel il ne se serait jamais attendu. Ce n'est que quand il prononça le nom de son père qu'Albus comprit vraiment. Il devait le prendre pour son père, parfois il maudissait sa ressemblance. Il était gêné de devoir contredire l'homme, mais il ne pouvait pas le laisser croire une telle chose.*

- Je... Euh... Je ressemble beaucoup à mon père, Harry Potter, mais moi, c'est Albus.

*Il avait dit cela calmement en baissant les yeux, comme si il s'excusait de lui avoir donné de faux espoirs.*

* Lucyan se redressa un peu et sa haute taille dépassa le garçon. Les muscles fins du jeune homme qu'on entrevoyait sous sa chemise contrastait avec son apparente fragilité. *

- Je... Euh... Je ressemble beaucoup à mon père, Harry Potter, mais moi, c'est Albus.

* Lucyan regarda le garçon de plus près. Il ressemblait beaucoup à Harry mais avait un petit quelque chose qui les différenciaient. *

Albus... Je connaissais un Albus...

* Les yeux bleus de Lucyan reprirent leur teinte claire. Il posa le paquet de Patacitrouilles sur un présentoir débordant de canines de vampires au citron et garda serré dans sa main gauche celui de Chocogrenouilles. Il tendit sa main droite et attrapa Albus par le menton pour l'observer attentivement. Les yeux verts parurent surpris une minute. Il tenait beaucoup de son père. Mais il discernait quelques taches de rousseur discrètes et un petit froncement de nez qui lui rappelait aussi quelqu'un.

Il lâcha Albus et passa une main dans ses cheveux blonds qui s'ébourrifèrent. *

Tu es le fils de Ginny...

*Arf... Rien n'était fait pour faciliter les choses avec l'homme. Voila maintenant que son prénom lui faisait le même effet que son apparence, et encore heureusement qu'il n'avait pas dit Albus Severus ! Sinon Merlin sait ce qui ce serait passé ! Il ne savait toujours pas comment réagir au mieux.*

- C'était un homme bien...

*A peine avait-il dit cela que le frère d'Esmera posa les Patacitrouille pour lui attraper le menton, cependant sans brusquerie. Le Serdaigle se laissa faire, il semblait vouloir le regarder de plus près, plus attentivement. puis après quelques instants il le relâcha et comme si il avait eut une révélation il déclara qu'il était le fils de Ginny. Il connaissait donc aussi sa mère, qui sait ce qu'ils avaient pu vivre comme joies et comme peines ensemble lui et ses parents. Il eut une soudaine vague de tristesse a l'idée de ce que la guerre avait pris a cet homme comme a tant d'autres. Mais il n'en laissa rien voir et acquiesça simplement.*

- Oui c'est bien ça. Vous êtes fort pour l'avoir vu. D'habitude on ne reconnait que mon père en me regardant.

*Il sourit et jeta un regard amusé vers les Chocogrenouilles.*

- Vous êtes sucré finalement.

* Lucyan eut un fin sourire qui se dessina sur son visage furtivement. Ses yeux bleus étaient fixés sur le jeune homme. Ils descendirent ensuite sur l'insigne qu'il portait. Serdaigle... Patron des gens sérieux, travailleurs et intelligents. Bon choix. *

C'était un homme bien...

C'était un homme.

* Il plongea une main fine dans un pot de friandises à déguster gratuitement qui passait entre les clients et prit une guimauve moelleuse et sucrée dans sa main droite. Il la garda ainsi, sans la porter à sa bouche. Puis la tendit simplement à Albus. *

Tu as plus de Ginny...

* Il laissa Albus prendre la friandise puis porta sa main à sa tempe. Il se souvenait de Ginny. Elle était Poursuiveuse quand il était Batteur. Elle était gentille mais fière. Elle avait pleuré.

Lucyan balança le sac de chocolats sur le comptoir de la boutique devant le stagiaire qui sursauta. Celui-ci était en pleine discussion avec une jeune fille qui ne semblait pas prêter attention à ses multiples boutons d'acnée. *

Je prends ça.

* Il balança ensuite un gallion sur le comptoir qu'il tira de sa poche de jean. Le stagiaire devint rouge de colère et de confusion en voyant la jeune fille sourire en minaudant en Lucyan. Celui-ci resta de marbre et attrapa le sachet de patacitrouilles. *

Et ça.

* Le vendeur lui rendit sa monnaie et Lucyan donna le sachet de Patacitrouilles à Albus avec un sourire amusé. *

Je suis sucré.

*Albus crut qu'il prenait la friandise pour lui et fut une seconde surpris qu'il la lui tende, il la prit cependant avec le sourire et la porta à sa bouche. Et avec un léger sourire et la guimauve encore dans un coin de sa bouche il répondit a l'homme.*

- Vous ch'êtes le premier à me le dire... Merchi.

*Cela lui faisait réellement plaisir que quelqu'un ait enfin vu quelqu'un d'autre en lui que l'image de son père, même si c'était celle de sa mère. Il fallait bien regarder pour pouvoir voir cela. Le frère d'Esmera avait contre toute attente un bon sens de l'observation, il n'était pas idiot ou simplet contrairement a ce que l'on pouvait croire en le voyant paniquer devant le choix entre deux sucreries.

Il paya d'ailleurs les chocolats et aussi les Patacitrouille. Albus pensa qu'il n'avait pas voulut choisir au final mais là encore il fut surpris de le voir lui tendre les Patacitrouilles avec un sourire. Il avait un isage tout a fait normal et même attrayant quand il souriait ainsi. Le Serdaigle tendit la main et prit le sachet avec un sourire plus grand.*

-Merci beaucoup ! Mais au faite, vous vous appelez comment ?

*Demanda Albus ne craignant plus d'être trop curieux ou de le brusquer. Il commençait même a le trouver sympathique, décalé mais sympathique.*

HJ: Décallé mais sympathique? ^^ Tu m'honores.

* Lucyan regarda le jeune garçon manger sa guimauve puis recevoir les patacitrouilles avec un sourire jusqu'aux oreilles. Il lui rappelait lui-même au même âge. Désireux de montrer au monde qu'il valait autant que son père et que son frère. *

Des cris... Du sang... Non...

* Il ferma les yeux une minute et les rouvrit. Ils semblèrent alors un peu plus sombres. Il passa une main sur son front pour chasser ses mèches rebelles et ce geste fit se soulever légèrement sa chemise blanche dévoilant de vieilles cicatrices, paraissant complètement hors de propos sur ce corps encore adolescent et imberbe. *

Ginny a le même froncement de nez...

* Il récupéra ses chocogrenouilles sous l'oeil malveillant du vendeur qui avait perdu sa seule conquête de la journée... peut être même sa seule conquête tout cours. Un groupe de garçons regardait avec un étonnement sans noms les noms étranges des sucreries. Des Nés-Moldus sans doute. Le magasin commençait à se désemplir. Tout le monde se dirigeait vers les Trois Balais dans l'espoir de se voir servir une bierraubeurre réconfortante par ce froid. *

Lucyan... Matthews.

* Il montra le paquet de chocolats qu'il tenait sous son bras avec nonchalance. *

C'est pour ma soeur.

*Albus ne comprit pas bien ce qui se passa quand il ferma les yeux, il semblait souffrir en silence. Merlin seul savait ce qu'il revoyait dans sa tête, quelles images douloureuses pouvaient défiler derrière le rideau noir de ses paupières. Le Serdaigle décida de ne rien dire, de simplement rester là a attendre qu'il revienne parmi eux, parmi les vivants. Quand finalement ses yeux se rouvrirent, c'est comme si une autre personne avait pris place et Albus aperçut des cicatrices sous sa chemise. Il était en colère au fond de lui, ce n'était pas juste que certains aient eu a tant souffrir, que des vies aient été détruites pour la soif de pouvoir d'un homme.

Le jeune garçon hocha simplement la tête en souriant légèrement pour acquiescer.*

- C'est typiquement Weasley ça.

*Enfin il sut le nom du mystérieux frère d'Esmera et apprit que les Chocogrenouilles c'était pour elle. C'était le cadeau typique d'un frère à sa sœur malade. Il se souvenait avoir fait pareil quand Lily avait eut la dragoncelle plus petite.*

- Ça va lui faire plaisir. J'ai vu le panneau avant sur la porte, elle n'est pas trop malade au moins ?

* Lucyan observa le moindre tressautement sur le visage du garçon, le moindre pli de paupière, la petite étincelle dans ses yeux. Il avait l'impression qu'Albus était un puit d'émotions et que lui n'était qu'une coquille vide. Obstinèment vide. *

Tu as le même air farouche...

* Weasley... Ce nom sonnait comme un air connu. Une des vieilles familles de sorciers. Comme la sienne. Peut-être même Albus et lui étaient-ils parents? Issus tous deux du même sang magique, de la même infime particule de charme. Emergeants de la même bouillie créatrice qui semblait tant plaire aux hommes. *

Une grippe... Elle dort.

* Il eut un sourire mi-triste, mi-victorieux en baissant le regard vers le sol. *

Je suis sorti en douce.

* Il replongea ses yeux bleux dans les deux étendues vertes du visage d'Albus. Océan d'émotions. Il voyait tout, comprenait peu. *

Tu es en colère...

*Albus ne comprit pas trop ce que Lucyan voulait dire par farouche, mais il ne chercha pas plus loin, si il le disait c'est qu'il le pensait, que c'était pour lui la vérité. Il fut quelque peu rassuré cependant en entendant que c'était une grippe qui retenait la patronne au lit. La connaissant elle serait vite sur pieds pour a nouveau ravir les palets gourmands.

Il ne put retenir un petit rire devant la déclaration de Lucyan et son air étrange entre la tristesse et une sorte de fierté de l'avoir fait. Il se pencha vers lui amusé comme pour lui dire un secret*

- On le fait tous un jour où l'autre !

*Il lui fit un clin d'œil complice.*

- Et vous c'est pour une bonne cause donc c'est tout naturel !

*Il fut ensuite une nouvelle fois surpris par l'observation de Lucyan. Il était gêné, il ne pouvait pas lui dire que cela le mettait en colère de voir des gens dont la vie avait été gâchée, alors qu'ils auraient pu être des personnes exceptionnelles. Il passa sa main derrière sa tête et sourit doucement.*

- Pardon, c'est juste que ca m'énerve de voir des gens bien comme Mlle Esmera être malade alors que d'autres le mériterait et peuvent vivre leurs vies.

*Il n'avait pas menti, il avait juste changé le nom de la personne afin de ne pas blesser Lucyan. Il se doutait que rien ne devait être pire quand on est différent, que le fait que d'autres le remarque. Alors qu'il aspirait peut-être à une vie comme les autres. Qui pouvait savoir a quel point il était lucide sur sa condition, peut-être se sentait-il tout à fait normal.*

* Le rire enfantin et clair d'Albus le fit sourire. Ils étaient maintenant pratiquement seuls dans la boutique de confiserie de Pré-Au-Lard. Le stagiaire était parti dans la cave qui servait de réserve et on l'entendait fredonner un de ces nouvels airs sorciers particulièrement niais.

Lucyan se détendit peu à peu. Il sentait l'odeur du sucre caramélisé qui emplissait l'air comme lorsqu'il était enfant et que sa mère faisait des pommes au miel. C'était sa mère? Elle était belle... *

Je suis censé prévenir quand je sors seul... Mais elle dormait. Et elle rêvait...

* Il resta un moment silencieux passant la main sur son front comme avant. Comme pour chasser des pensées incongrues qui souhaitaient prendre place dans son esprit déjà embrouillé.

Son observation parut gêné le garçon et Lucyan le regarda l'air vide. Il prit une guimauve lorsque le pot passa à nouveau près d'eux et la croqua pour laisser le sucre fondre sur sa langue. *

On ne sait jamais qui mérite de vivre...

* Il se pencha vers Albus et murmura. *

Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie.

* Il se redressa avec un air fier et un sourire sur les lèvres. Il leva les deux bras au dessus de sa tête, sa main droite serrant le paquet de confiseries, et s'étira comme un chat. Il frissonna lorsqu'un courant d'air parcourut la boutique. *

Tu ne peux pas décider... Moi non plus... Ni même Albus...

* Il sembla perdu un instant. *

*Albus comprenait qu'il doive prévenir quand il sors seul, il se demanda d'ailleurs ce qui se passerait si Esmera se réveillait et qu'il n'était pas là. Elle essayerait peut-être de sortir pour le chercher.

Puis, se fut comme si Lucyan était ailleurs, il était soudain un peu plus loquace. Il disait des choses étranges, qui pouvait être prises pour des élucubrations de fou. Mais la folie n'est jamais loin du génie parait-il. Et au fond ce que disait Lucyan était plein de sens, c'était des vérités simples, simples mais que les gens ont tendances à oublier. Des évidences dont il faut toujours se rappeler. Qui était-il pour décider qui mérite ou non de vivre ? C'est exactement ce que faisait Voldemort et cela l'avait conduit aux pires crimes. Il répondit l'air un peu gêné.*

- Vous avez raison, je ne peux décider, personne ne le peux.

*Il sourit sincèrement et tendit la main vers Lucyan en espérant qu'il la lui serre.*

-Merci de me l'avoir rappelé !

*Il regarda dehors et s'inquiéta un peu pour Esmera. Il voulut retourner au Miam Stram Gram avec Lucyan. Il désigna le paquet de chocolat du regard avec un petit sourire.*

- Je crois que votre sœur doit attendre votre retour. Ça ne vous dérange pas si je fais le trajet avec vous ? J'aime bien discuter.

* Lucyan regarda l'enfant que n'était plus Albus et l'adulte qu'il n'était pas encore. La garçon montrait toutes les caractéristiques de Serdaigle. Il était intelligent, sincère et supportait les remontrances et la critique comme des bénédictions qui lui permettraient d'avancer.

Il eut un léger mouvement de recul lorsqu'Albus tendit la main vers lui. *

Tu veux qu'on te mettre ce qu'il en coûte de s'en prendre aux serviteurs du Lord?

Endoloris!

LUCYAN! Tuez-moi! Pas lui!

* Il fronça les sourcils un instant et finit par attraper la main d'Albus entre ses doigts fins à la peau presque translucide. Ils se serrèrent la main quelques secondes puis Lucyan la retira. *

Tu n'es pas ton père... Tu es meilleur...

* Les yeux de Lucyan restaient vides. Pas de petite lueur qui indiquait une émotion quelconque, seulement des changements de couleur comme lorsque le temps change au dessus de la mer. *

Je crois que votre sœur doit attendre votre retour.

* Il sembla reprendre pied sur terre et regarda le paquet de chocogrenouilles dans sa main. *

D'accord.

* Il passa devant Albus et ouvrit la porte de la boutique de bonbons. La pluie s'était arrêté et un pâle soleil laissait entrevoir ses rayons à travers les nuages encore gris. Il faisait froid mais Lucyan sortir dans la rue de Pré-Au-Lard et tint la porte à Albus. *

*Albus fut heureux que Lucyan lui serre la main même si un instant il avait semblé hésiter. Les paroles qu'il prononça ensuite furent comme un éléctro-choc, mais dans le bon sens. Il était soudain heureux, pas qu'on le considère meilleur que son père, il n'était pas prétentieux au point de se croire meilleur que le grand Harry Potter, le Héros du monde sorcier, mais que quelqu'un dise enfin qu'il n'était pas lui. Le regard d'Albus brillait un peu plus, il aurait pu serrer Lucyan dans ses bras si il s'était laissé aller. Personne a part sa sœur ne lui avait jamais dit cela et Merlin ce que cela le soulageait d'un poids.

Il suivit Lucyan dehors et une fois dehors il réajusta sa cape afin de ne pas laisser le vent le faire frissonner. Lucyan en chemise semblait venir d'ailleurs, être ailleurs. Les rares personnes qu'ils croisaient le regarder avec un air étonné, mais Albus s'en fichait pas mal, cet homme était, il en était certains, bien plus lucide que certains même si il était différent. Comme le silence c'était installé Albus reprit la parole.*

- Merci pour tout à l'heure, vous n'avez pas idée combien cela me fait plaisir d'entendre que je ne suis pas mon père. Tout le monde ne voit que lui en moi, mais je ne suis pas lui. Je ne suis pas le Héros de tout un monde, je suis juste un élève, je ne peux pas faire de grandes choses comme lui.

* Lucyan sentit un vent frais faire gonfler sa chemise et voler ses cheveux blonds. Il tenait fermement le paquet de chocolats. Il avait tendance à perdre les choses. A ne plus se souvenir de ce qu'il devait faire.

Il frissonna un peu mais garda son air indifférent. Les passants se retournaient dans leur marche pour observer cet homme étrange accompagné du fils Potter. Albus faisait lui aussi tourner bien des têtes. Il ressemblait beaucoup à son père et au sourire éclatant du garçon lorsque Lucyan certifia qu'il n'était pas comme son père, celui-ci comprit que cette ressemblance faisait souffrir Albus. *

Ne pas être considéré comme soi-même mais comme le reflet de quelqu'un d'autre est injuste.

* Déclara Lucyan sans réfléchir. Il ne se doutait pas vraiment des portées de ses paroles parfois. De leur signification. Il mettait les mots les uns après les autres parce qu'ils voulaient sortir de son esprit. Comme s'il vomissait des pensées qui n'étaient pas à lui. *

... le Héros de tout un monde...

* Lucyan eut alors un sourire ironique, presque colérique à cette remarque. Il voulut parler mais se tut. Il aimait bien Albus. Merlin savait pourquoi! Le garçon le mettait à l'aise comme peu d'étrangers à ce jour. Non, il n'était pas son père.

Ils marchaient à pas lents dans les rues de Pré-Au-Lard. Une sorcière sortit de chez Mme Piedodu avec des paquets volumineux et une petite fille fusa hors de la boutique avec un rire cristallin. *

Camille! Reviens ici chérie!

* Hurla la femme, tirraillée entre l'envie de rattraper sa fille et le souci de laisser ses paquets sur le sol à la portée de tous.
La petite fille poursuivit sa course et atterit les deux fesses par terre devant Lucyan et Albus. Elle rit et ne sembla pas tenir compte de ses fesses toutes mouillées et de la jolie couleur gadoue qui ternissait sa veste beige.

Lucyan l'attrapa par le col de son manteau beige et la remit sur pieds. Simplement, sans un sourire, sans un air de mise en garde. Il la remit debout parce que c'était normal. La mère s'avança vers le petit groupe qu'il formait, attrapa sa fille par le poignet et la tira vers les Trois Balais. *

Regarde dans quel état tu es! Ne t'approches pas des inconnus comme ça.

*Albus fut surpris des paroles de Lucyan mais il avait raison. Ce n'était pas facile de grandir en se construisant soi-même quand sans cesse les gens voit en vous un autre. Il n'était pas Albus Severus mais "Le fils de Harry Potter". Parfois il se disait que tout était fait pour l'empêcher d'être lui, sa ressemblance, ses prénoms de gens célèbres qu'il n'avait pas connu. Plus petit il était toujours heureux que les gens le compare à Harry ou Dumbledore et Rogue, mais plus maintenant. Il rêvait d'être le fils d'un illustre inconnu, que tout le monde ne voit que lui en le regardant. Malheureusement c'était impossible alors il faisait tout pour se construire malgré tout et évitait le contact avec ceux qui ne voyait qu'Harry plus jeune dans ses yeux.

Mais Lucyan lui était très différent, c'était comme si il ne voulait pas voir Harry en lui. Albus ne savait pas ce qui c'était passé entre eux mais se doutait qu'il devait y avoir eut de l'eau dans le gaz. Il eut un sourire un peu triste.*

- Ce n'est pas juste oui, mais je n'y peut rien, c'est pour ça que j'aime les gens comme vous, qui me voyait moi et pas mon père.

*C'est ensuite que son attention fut attirée par cette mère qui hurlait après sa fille et cette dernière qui vint tomber sur les fesses devant eux. Elle était toute souriante et avant qu'Albus ait pu lui tendre la main, Lucyan l'avait attrapée pour la relever. C'était une bonne chose mais Albus doutait que Lucyan l'ait fait pas gentillesse. C'était plutôt comme si il l'avait fait parce que c'était ce qu'il fallait faire. Le Serdaigle remarqua que mise a part le début de panique devant les sucreries et son sourire, Lucyan n'avait pas laissé transparaitre le moindre sentiment, la moindre émotion. Il devait tout de même en avoir, c'était impossible de perdre toute émotion. Si il était sorti chercher des bonbons c'était bien par gentillesse envers sa sœur ? En tout les cas, la mère en colère s'éloigna en emportant sa fille et le silence revint quand il reprirent leur marche.*

* Les enjambées de Lucyan étaient courtes. Il voulait profiter de cet instant de totale liberté et leva les yeux vers le ciel qui perdait peu à peu ses nuages pour prendre une jolie teinte bleue de matin froid.

L'épisode de la petite fille semblait être effacée, reléguée au placard avec des souvenirs, des choses désuettes. Il entendait le souffle régulier du garçon à côté de lui. Le soleil éclairait les rues pavées encore humides de la pluie précédente. Tout semblait briller sous l'éclat de ses rayons.

Albus adaptait son pas au sien et ils déambulaient tous deux en silence. Lucyan le nez en l'air, Albus plongé dans ses pensées. Il inspira une grande bouffée d'air frais. Puis redescendit le menton comme pour montrer qu'il était de retour sur terre. *

On peut toujours quelque chose... Il suffit de le vouloir très fort.

* Il s'arrêta et regarda Albus. *

Tu es ton père... Et ta mère... C'est ça la filiation. A toi maintenant de tout faire pour être toi. Même s'il faut crier, te battre, pleurer... A toi de sortir de ton carcan familial, de l'oppression du sang de tes parents.

* Un hibou hulula sur un toit. Lucyan reprit sa marche au ralenti pour qu'Albus assimile ses paroles et le rejoigne. Il tenait compte de la réaction de cet enfant? Pourquoi? *

Je me demande s'il neige en Afrique... Il faudra que je demande à Sev...

* Murmura Lucyan plus pour lui-même que pour la conversation. *

*Alors qu'ils marchaient tout deux en silence depuis au moins une minute, Lucyan sembla revenir à lui et dit cette phrase qui fit s'arrêter un Albus. Sur le coup, il n'avait pas très bien comprit tout ce qu'il voulait dire par là. Mais il analysa un instant la phrase avant de se remettre en route.

Il pouvait s'extirper de l'influence de ses parents a condition de le vouloir vraiment et de tout faire pour ?... Lucyan n'avait pas tord, si il voulait que les gens le voit lui il fallait qu'il se distingue de son père. Mais Albus avait le sentiment que se distinguer comme James n'était pas une bonne solution, ni de se distinguer en cherchant a faire mieux que Harry. Il fallait qu'il trouve sa propre voie, une où l'ombre de son père ne planait pas. Une qui serait bien à lui et où les gens le verrait lui, pour ce qu'il était.

Le sourire réapparut sur le visage d'Albus alors que Lucyan semblait déjà être passé a autre chose. Pour peu qu'on y prête attention ou qu'on cherche à comprendre, Lucyan ne disait pas des choses fausse ou folle. Il faisait même pensé à Albus au vieux sages des contes qui parlaient par énigme pour faire trouver leur voie aux héros de l'histoire. L'homme lui était de plus en plus sympathique.

Lucyan venait de murmurer quelque chose à propos d'un Sev, il se demandait qui il était. Un ami ? Un parent ? Un fantôme du passé ? Le produit de son imagination ? Il décida d'éclairicir ce point sur le ton de la conversation.*

- C'est un ami à vous Sev ?

* Lucyan repassa une main sur sa tempe et ferma les yeux ébloui par un rayon de soleil qui se reflétait sur la vitrine d'un magasin. Il s'avança un peu puis rouvrit les yeux. Albus était à nouveau à ses côtés, rayonnant.

Le garçon parraissait avoir pris une décision et elle lui plaisait manifestement. Lucyan regarda un sorcier qui avançait rapidement du côté gauche de la voie en regardant sa montre et en marmonnant "je suis en retard!".

Il devait neiger dans les montagnes. *

C'est un ami à vous Sev?

* Sev n'était pas son ami. Mais il savait beaucoup de choses, ça il se le rappelait. Et il était toujours tout seul et triste. Lucyan se souvenait de ça aussi. Il n'aimait qu'on l'appelle Sev et il regardait toujours Lucyan avec froideur. Mais Lucyan l'aimait bien. Mais Sev était mort... C'était Joshua qui le lui avait dit. Sev était mort tout seul. *

Il était toujours tout seul... Il ne voulait pas d'amis.

* Il regarda Albus avec les yeux un peu tristes. Puis eut un sourire. *

Il savait toujours tout sur tout... Il m'a soigné quand Albus lui a demandé.

*A l'emploi du passé et a ce que Lucyan venait de lui dire, il n'y avait pas 36000 choix possible. Il devait parler de Severus Rogue, celui que Voldemort avait tué pendant la guerre. C'était tout a fait possible qu'il se connaissait vu que Lucyan était à Poudlard. Albus voulut réconfortait Lucyan.*

- Vous parlez de Severus Rogue n'est-ce pas ? Mes parents m'ont appelé Albus Severus, en hommage à lui. On m'a toujours dit que c'était quelqu'un de bien et de très doué en potion, mais de très seul.

*Le génie est toujours seul pensa-t'il et c'était apparemment ce qu'était Severus un Maitre des potions, un génie de la préparation et de l'invention de nouvelles potions. C'est la qu'Albus se rendit compte de quelque chose, l'ombre de son père ne planait pas en potion, seule celle de Severus à la limite. C'était un domaine qu'il adorait, il trouvait cela fascinant. Peut-être pourrait-il devenir aussi bon que Severus ?*

* Lucyan s'arrêta un instant et observa avec un certain intérêt le jeune homme. Il s'appellait aussi Severus... Il aimait bien ce nom. *

Oui Sev...

* Il se rembrunit et se détourna du garçon pour regarder à nouveau le ciel d'un bleu maintenant limpide. Le froid tait moins poignant et lesrayons du soleil prodiguaient enfin leur chaleur réconfortante. *

Il a fait une potion rien que pour moi...

* Il reporta son attention sur Albus et porta son index à sa tempe. *

Pour ne pas que je perdes l'esprit.

* Albus semblait réfléchir à nouveau. Il réfléchissait beaucoup. *

Severus Rogue n'était pas quelqu'un de bien, ni quelqu'un de mauvais. Il était juste à cheval sur des mondes censés être opposés. Et il avait fait des choix...

* Sa voix se brisa en un murmure rauque. *

Comme nous tous.

*Albus était heureux d'apprendre quelque chose sur Severus. Il connaissait forcément par coeur les histoires d'Harry et des gens de son entourage, mais il savait très peu de l'avis d'autres personnes. Il ne savait pas trop si Lucyan avait raison sur ce coup. Severus n'aurait pas été un homme bon mais simplement un homme qui a fait des choix ? Mais il aurait pu faire des choix dans le sens du mal qui aurait changé le cour des choses. Il avait donc choisit de faire des choses dans le sens du bien, il avait par conséquent voulut être bon non ? Il réfléchit encore un instant aux paroles de l'homme et se décida à répondre.*

- Nous faisons tous des choix, certes, mais c'est ces choix qui détermine si nous sommes bons ou mauvais. Severus aurait pu choisir de faire le mal, mais il a choisit le bien.

*Albus regardait en direction de Lucyan ne sachant pas très bien si il allait répodre quelque chose ou partir sur un autre sujet vers lequel son esprit aurait vagabondé.*

* Lucyan écouta les éxplications enfiévrées du jeune homme. Albus était idéaliste. Des rêves de bonté pleins la tête. C'était peut être comme ça qu'on le voyait à son âge. Jeune, pleins d'idéaux qu'il espérait concrétiser. Il avait appris depuis.

D'un geste rapide, il lança sa main droite vers la gorge d'Albus et la prit entre ses doigts fins, sans la serrer. Il l'enserrait juste assez pour que le jeune garçon ressente une certaine gène. Ils étaient seuls dans la rue à présent. *

J'ai deux choix. Te laisser vivre ou te tuer... Mais ces choix dépendent de tes propres choix. Si tu es quelqu'un de bien, je fais un acte mauvais. Si tu es quelqu'un de mauvais, mon acte est bien...

* Il lâcha Albus et eut un sourire un peu fou. *

Suis-je bon ou mauvais si j'ignore tes choix?

* Il leva un bras ce qui fit apparaître son nombril sous la chemise qui s'était relevée pour déposer le paquet de chocogrenouilles sur son épaule et se soulager d'un poids. Les cicatrices étaient anciennes pour la plupart, légèrement boursouflées. D'autres semblaient récentes. Lucyan garda son sourire et ébourrifa la tignasse noire du garçon. *

Tu réfléchis trop...

* Ce bref instant de lucidité sage sembla se dissiper lorsque son regard s'embruma légèrement. *

Je me demande si je trouverai la carte d'Albus Severus dans les chocogrenouilles... Il y aura des étoiles dessus.

* Il mit sa main droite dans la poche de son jean délavé, dans une position d'adolescent excentrique et marginal. *